Kagerou Daze III : The children reason

Kagerou Days I

Depuis une direction indéterminée, la mélodie de “Sunset Glow”(1) jouait dans l’air.

Le ciel bleu, qui semblait être teinté de la mélodie, était lentement en train de se colorer d’un orange profond.

A bord du bus qui bougeait sur la route abimé, tout en faisant un son du genre “gadang gadang”; le nombre de passagers diminuait peu à peu, jusqu’à ce que je sois la seule personne restante.

Même si mon camarade de classe, qui venait tout juste de sortir du bus, n’était pas un très proche ami à moi, je ressentis tout de même une certaine solitude au fond du cœur, chaque fois que j’étais seul avec la mélodie de Sunset Glow qui jouait.

J’étais tellement dans l’ennui que j’ai commencé à toucher du bout des doigts, avec répulsion, l’éponge qui commençait à sérieusement chauffer sur le siège. J’ai regardé par la fenêtre une nouvelle fois, mais ce qui est entré dans mes yeux n’était que les luxuriantes récoltes des terres agricoles dans le décor, ainsi que de vieux poteaux qui passaient constamment à travers ma vue.

En tout cas, ce n’était pas du tout quelque chose qui pouvait tuer mon ennui.

J’ai soupiré et ai fermé mes yeux.

Ce serait bien si je pouvais utiliser librement un téléphone portable, là.

Je me souvins soudain d’une pub à la TV, que j’avais vue chez mon ami, se déroulant dans un monorail de la grande ville.

Tout le monde fixait leurs smartphones, comme s’ils étaient dans leurs propres univers.

Regarder tout ça à travers le tube cathodique(2) était déjà bien assez pour un gamin de village avec de grandes attentes comme moi. Même les enfants qui avaient presque le même âge que moi pouvait déjà avoir leur propre téléphone mobile, se promener dans la grande ville, aller où ils voulaient.

J’imagine qu’ils pouvaient aussi contacter leurs amis pour sortir et jouer, pas vrai? Ils pouvaient s’envoyer des SMS ou s’appeler, être en ligne et partager leurs statuts, ou bien discuter sur un forum, même la nuit.

Afin de remplir toutes ces attentes, j’étais même allé, une fois, au magasin d’appareils électroniques sur le chemin du retour.

Dans ce village pitoyable où on pouvait à peine dépenser de l’argent pour se divertir, tout ce que je pouvais faire une fois qu’on était au Nouvel An et que je recevais les enveloppes rouges, c’était d’économiser de l’argent comme un gros bêta.

Une fois, j’ai attrapé mes pathétiques économies, en disant avec arrogance “JE VAIS ACHETER UN TELEPHONE PORTABLE!!!”, ai couru vers le magasin, et ai essayé de toutes mes forces d’expliquer au propriétaire du magasin quel était la chose étrange qu’était un téléphone portable.

Bien sûr que je n’ai pas eu de smartphone à ce moment-là, mais à la place, on m’a recommandé un antique et minable téléphone. Qui sait ? Ça pourrait m’être bénéfique en tant qu’expérience de vie unique.

Sauf que.

Que la situation dans laquelle je suis en ce moment-même soit une importante et unique expérience de vie ou non ne m’importait pas du tout.

Vu à quel point je voulais prier pour un téléphone, à qui pouvais-je adresser mes prières?

Si je demandais à mes têtes de mules de parents, ils me reprocheraient sûrement “Faut encore attendre vingt ans, mon petit” et m’enfermeraient probablement dehors, me permettant alors de subir les horreurs de la nuit obscure et des chiens sauvages.

Me faire subir ce genre de jeu de survie était tout sauf nécessaire. Même si j’avais vraiment envie d’acheter un téléphone sans que mes parents ne le sache, je ne pouvais pas l’acheter près de chez moi.

Ce serait bien que j’aie l’opportunité d’aller en ville, mais elle ne s’est jamais présentée, même pas au Nouvel An, ni en fin d’année, ni même le Festival Obon(3).

Mais peut-être que quelqu’un pouvait me présenter cette opportunité.

Ah, non, impossible, je ne suis pas le genre de personne à laquelle des choses comme ça arrivent.

Les seules choses que je savais à propos des téléphones portables étaient la signification des expressions “appeler”, “envoyer des SMS” et “être en ligne”.

Zut, tout ça était de la faute de ma parents.

Si un enfant était vu en train de regarder seul la télévision, il pleurerait et crierait pour continuer à le faire, mais vu comme mes parents rejetaient avec entêtement la société moderne, je ne pouvais même pas être aux courants des nouvelles locales, et encore moins des modes. Je n’ai même pas la connaissance sociale de base.

Mais le truc, c’est qu’un téléphone mobile a l’air d’être assez facile à cacher dans une poche, donc je suppose que mes parents ne sauront pas que j’en ai, en réalité, acheté un.

Doooonc, si je peux acheter un mobile comme je voudrais le faire, tout irait parfaitement bien.

Le problème c’est justement l’avoir, et là, je n’ai pas assez d’infos. Je devrais demander à quelqu’un.

Mais…

“Si je pouvais faire ça, alors ça serait le plus beau jour de ma vie…” Ai-je soupiré, en marmonnant mon languissement.

Ouais, y’a une personne vers qui je pouvais me tourner.

Pour être strict, c’est “éventuellement” me tourner, mais carrément pas une personne vers qui on peut se tourner avec imprudence.

Elle, Asahina Hiyori, est quelqu’un avec qui il est difficle d’être proche, donc il est difficile de lui adresser la parole.

Elle est la fille d’une des trois familles les plus riches du village, et elle sait jouer du piano, a pris des cours d’ikebana(4), des cours de danse classique, etc. depuis son plus jeune âge, et elle va parfois en ville où il y a ce truc de séminaire.

Mais ce n’est pas tout: même si j’en étais très loin, je pouvais clairement voir qu’elle se vantait sûrement de son adorable téléphone portable l’autre jour.

Elle a dû l’acheter en ville. Par conséquent, elle doit certainement être une personne appropriée si on voulait demander quelque chose à propos de téléphones.

Le truc, c’est que cette conclusion a été faite il y a très, très, trèèèèèèèèèès longtemps.

Le plus gros problème, c’est qu’Asahina Hiyori est EXTREMEMENT sympa, et mon amour pour elle est EXTREMEMENT grand.

“Même si je vis dans ce village vraiment petit où on ne peut pas du tout s’amuser, il y a ce super côté qui le rend unique: Asahina Hiyori a grandi ici.”

Il y a quelques semaines, un de mes camarades de classe a écrit une lettre d’amour avec ce genre de contenu et l’a donnée à Hiyori, et on ne peut pas nier qu’elle a été spectaculairement rejetée avec le mot vif et acerbe “BEURK…”

Soupir, ouais, c’est vrai, c’est dégueu, je le sais. Asahina Hiyori est trop mignonne, et je n’exaggère pas du tout. Elle n’est pas juste que la plus mignonne de tous les élèves de la classe, non, elle est même aussi extrêmenent plus mignonne que tous ces enfants acteurs ou mannequins des magazines et des posters.

Kagerou Days novel chapter illustration {.card}

Bien évidemment, sa popularité est affreusement grande chez les garçons: il y a des rumeurs et des proverbes du style ‘Le seul moyen pour qu’un garçon devienne un homme dans ce village est qu’il tombe amoureux de Asahina Hiyori’ ou ’Jette une pierre et tu frapperas un fan de Hiyori’.

De plus, je suis en réalité moi-même un véritable fan d’Hiyori…. Nonnonnon, pour être plus précis, cela devrait être un HIYORI ADDICT. Comparé à ces “fans d’Hiyori déjantés”, que ce soit par le “taux d’affection”, le “taux de confiance” ou même de “taux de quantité (officieux)”, je ne perdrai face à personne, c’est sûr et certain.

Un fan d’Hiyori professionnel s’occupe dès tôt le matin.

A six heures du matin, la première chose à faire après mon réveil serait de saluer une de mes “douces et moelleuses peluches d’Hiyori (faites main)” parmi “les quarante-huit Hiyoris” un grand sourire aux lèvres. Durant le petit-déjeuner, je regarderais l’“emploi du temps Hiyori” tout en calculant “la probabilité de rencontrer Hiyori”. Je déciderais également quel serait le meilleur endroit pour la rencontrer.

Avant de partir à l’école, je choisirais avec rigueur la “photo Hiyori” que je préfère, la glisser dans ma carte de bus, et ensuite, je partirais à l’école, un sourire sur mon visage.

Si après avoir humé l’odeur de “l’hormone Hiyori” (la senteur diffère selon les gens, pour moi c’est “parfum”) dans l’air je me retrouve à voir Hiyori en personne, je vais juste l’observer, en souriant.

Si il y a la chance d’être près d’elle à ce moment précis, il sera strictement interdit de la saluer avec insousciance. Voilà la différence entre un fan d’Hiyori déjanté et un vrai fan d’Hiyori.

Dans cette situation, les fans d’Hiyori déjantés commenceraient à dialoguer avec elle à contrecoeur, en la collant et en essayant d’attirer son attention avec une intonation excitée. Ces genres d’actions vis-à-vis d’Hiyori n’ont que le mérite d’avoir un effet sérieusement négatif.

Par exemple, ce matin, il y avait ce mec qui essayait d’aborder Hiyori, et je grinçais des dents en voyant cette scène. Bien évidemment, comme on pouvait s’attendre d’Hiyori, elle utilisa son couteau acéré hérité de sa famille “BEURK. Va-t’en.” en tant que coup fatal et extrême, le mettant solennellement KO.

Plus tard, un groupe de l’équipe pro-Hiyori, trop excessif à mon goût, a traîné aggressivement le gars frustré jusqu’à l’entrepôt du centre sportif, et ce qu’il s’est exactement passé là-bas est quelque chose à laquelle, pour ma santé mentale, je ne devrais pas penser.

Dès lors, un vrai fan d’Hiyori ne fera jamais ce genre de trucs irrespectueux. Ne la fixer que de loin, être reconnaissant pour son charme et en faire un pouvoir à utiliser pour aller de l’avant le lendemain.

Et donc, en tant que professionnel, je ne sais foutrement pas comment je suis censé discuter d’un sujet aussi nul avec Hiyori. En gros, c’est juste comme ça: réfléchir à ce que je veux qu’elle fasse, ce genre de souhait est d’un espoir virtuellement extravagant.

Sauf que.

Ce désir maléfique se trouvant tout au fond de mon coeur me démenge sans cesse.

Oui, ce voeu d’obtenir un téléphone portable a en fait un but secret beaucoup plus grand.

“………Je veux parler via SMS avec Hiyori.”

Oh non, pas que des SMS. Je veux aussi l’appeler. Pas juste la rencontrer dans le bus, je veux même qu’on ait tout les deux des discussions secrètes chaque nuit dont personne ne serait au courant.

“………Je veux le faire………”

Mes pensées commençaient à devenir intenses, et j’avais presque sorti de ma bouche tous mes désirs. J’ai fermé les yeux et ai serré avec force mon poing, en ressentant les choses telles qu’elles étaient réellement. Ce rêve est très très lointain, ce n’est pas quelque chose que tu peux tenir d’une main froide et fragile.

“Eh beeeen, si tu veux le faire alors bien sûr que tu le peux, mais tu as aussi atteint ta destination.”

Ces mots plutôt brusques m’ont soudainement ramené à la réalité.

M’attaquer alors que je n’y étais pas préparé, mais c’est qui ce type au juste?! Je levai ma tête et cherchai d’où provenait le bruit, et comme je l’avait prédit, le conducteur, qui perdait patience, me regardait avec une expression traduisant “J’ai trouvé un truc intéressant~”.

San même y réfléchir, ma honte commença à bouillir.

“OUAHHH! …D, Désolé!!! J’y vais tout de suite!!”

Sachant que je ne pouvais pas effacer la bouffonerie qu’il venait de voir, je me levai vite de mon siège, embarrassé. Je devais encore donner ma carte de bus avant de descendre, alors j’ouvris lentement mon sac afin de la trouver.

“Uhmm, carte, carte…. heinnnnn??!! Où est-ce qu’elle est… non!! Je me souviens l’avoir prise?! Attendez, je vous prie……”

J’ai cherché dans tous les recoins de mon sac, mais je n’arrivais toujours pas à trouver la carte, dont j’étais certain de l’avoir mise dedans.

“Bordel… Je l’ai laissée chez moi…?!! Comment ça se peut…?”

Tout à l’heure, ce geste imbécile, et maintenant ÇA. Mon cerveau s’est vidé de honte.

“Ahh? T’inquiète. C’est pas grave, pour une journée. Je t’ai vu monter dans ce bus tous les jours, donc je vais pas me méfier.”

Le chauffeur qui n’en pouvait plus me tapota la tête avant de me sourire.

Ahh, quelle gentille personne. Même si cela ne me dérangeait pas d’être accusé d’être “monté dans un bus sans preuve de permission” avant d’être emmené au commissariat, cette gentille personne m’avait tout de même sauvé la vie.

“C-C’est pas grave?! Je suis vraiment désolé, je l’emmenerai demain……”

“Oh, t’inquiète, t’inquiète. Mais, mon petit gars,…”

Le chauffeur arrêta de me tapoter sur ma tête et me regarda d’un air sérieux. Ses yeux brillaient, aussi.

“Heinn? Aahh, qu’est-ce qu’il y a, qu’est-ce qu’il y a?”

Mon coeur s’est serré comme si j’étais, encore une fois, mal à l’aise. Je le savais, oublier ma carte n’était pas du tout une bonne chose……

“Ahh, tu viens de dire ‘J’ai envie de le faire’ pas vrai? Je me souviens que quand j’avais ton âge, je voulais vraiment vraiment le faire, genre TEEEELLLLEMMMMMENT, et ça, tous les jours……”

“OK MERCI AU REVOIR”

Avant qu’il ait pu finir ses mots, qui pouvaient laisser les gens avoir un malentendu vraiment sale, je me suis enfui très vite, aussi rapidement qu’un lapin.

Lorsque j’atteris sur le sol, j’ai tourné à toute vitesse à droite, en face de la vieille station de bus.

Je pouvais encore entendre sa voix de loin, qui disait “Fais attention sur la route~~~”, mais il était trop dangereux. BEAAUUCOUP trop dangereux. Je sais pas pourquoi, mais ouais, il était carrément dangereux. Je voulais vraiment partir et tout oublier.

Je ralentis ma cadence, et ai bombé mon torse. A l’horizon, au bout de la longue route piétonne, les montagnes teintées de noir commeçaient à avaler le soleil.

Le soleil s’était couché, il était tard.

Même s’il faisait frais le soir, la chaleur qui restait de la journée flottait toujours dans l’air et ma peau pouvait sentir le souffle de l’été qui approchait.

“Qu’est-ce que je devrais faire cet été? L’année dernière j’ai passé mon temps à aider dans les champs, j’imagine que ça va encore être ma même chose cette année, hein……”

J’ai été coincé dans ce minuscule village dix ans. Mon impression de l’été ne consistait qu’en le temps chaud et les souvenirs de travailler dans la rizière pleine de boue.

“……Voyager…… C’est pas possible du tout, ça. J’ai pas assez d’argent. Par contre, je suis sûr……”

Je suis sûr qu’Asahina Hiyori va voyager quelque part et passer un été parfait. Je ne fais que deviner, mais je suis sûr que ce sera le cas.

Peu importe le monde dans lequel on est ou le point de vue qu’on prend, tout est différent entre moi et elle, donc je suppose que le décor qu’elle voit tous les jours est quelque chose qu’un garçon normal ne pourrait pas du tout imaginer.

Je comprends ça, c’est pourquoi j’ai des attentes, et c’est pourquoi je suis si amoureux d’elle.

Abreuvé par le soleil couchant, j’étais en train de penser ça tout en regardant les grandes terres agricoles se teinter d’orange, tout en voyant mon infime maison, qui était à un jeter de pierre du village. Tout au bout de la terre spacieuse et ouverte, de la fine fumée sortait de la petite cheminée.

C’était quand, la dernière fois que je suis parti du village ? Je n’arrivais pas à m’en souvenir, peut-être parce que c’était il y a un bon moment.

Et mes courtes, dix années et plus de vie, seront une chose morose et terne dont je ne me souviendrai pas non plus.

Ce sera quand, la prochaine fois que je sortirai de ce village ?

Je commençai à imaginer une scène du futur où Hiyori et moi sommes au monorail, réfléchissant à propos de notre destination, en rigolant tous les deux.

Un avertissement sorti alors d’un endroit, à peu près situé sur mon torse. “IMPOSSIBLE”, j’ai inconsciemment compris le message.

“Alors c’est bien ce que je dis, est-ce que je devrais abandonner si facilement……”

Je soupirai alors légèrement, tout en accélérant ma cadence pour finir mon voyage, où la maison était ma destination.

Moi, qui bluffait beaucoup, pouvait entendre une voix, qui me taquinait de quelque part.

“T’es anxieux, mon gars?”

"J’y suis, presqueeeeeee………”

Avec précaution, comme si j’y versais des âmes à l’intérieur, je cousus mes pensées, aiguille après aiguille.

“Je vais te rendre tellement mignonne……….”

Il était presque vingt-deux heures.

Grâce à ma maman qui nettoie ma chambre tous les jours, ma chambre était à ce moment-là propre.

Une fois rentré à la maison, je me suis immédiatement assis en face de mon bureau, à côté de la fenêtre. Après avoir fait quelques points de suture, je l’ai bien observée, et après avoir fait d’autres points de suture, j’en ai été charmé, et ça a continué indéfiniement pendant quatre heures, à peu près.

Hé oui, j’ai travaillé sur l’énorme projet qu’était de faire une “peluche Hiyori qui parle” pendant trois mois, et j’ai enfin presque fini.

“CECI VA BOULEVERSER L’HISTOIRE DU FAN CLUB D’ASAHINA …!!”

C’était une scène si merveilleuse que je ne pouvais m’empêcher d’avoir la chair de poule.

Ce n’était pas que mignon, cette peluche avait aussi l’apparence unique d’Hiyori. J’avais adorablement attaché ses cheveux noirs, et je lui avais mis une robe. Même si j’étais pris au piège au milieu de tous ses vêtements, je lui avais choisi le vêtement qu’elle aimait le plus.

Par chance, j’ai trouvé un magnétophone lorsque j’étais dans le magasin d’électronique, alors que je cherchais un téléphone.

Dans ce magnétophone y étaient stockées toutes ses voix, que j’enregistrais à chaque fois qu’elle passait près de moi, ces dernières semaines. Et si j’insère ça dans la partie intérieure du dos de la peluche, via la fermeture zip, ça va faire comme je parlais à Asahina Hiyori.

Quand j’ai commencé à la fabriquer, j’avais cet objectif: *“Je vais tout faire pour l’embellir et ensuite l’emmener en ville!!!” *Je parie que cette chose absolument parfaite va rentrer toutes les connaissances des fans d’Asahina dans l’Histoire.

Et là, il ne reste qu’un seul point de suture avant de terminer ce grand projet…… Plus qu’un seul et c’est terminé.

Alors que j’interrompais temporairement mon travail, je fermai les yeux.

En me souvenant de ces trois mois, je réalisai qu’ils étaient peut-être le voyage le plus audacieux que je n’ai jamais eu.

Non non, bien sûr que tout ça n’est qu’une illusion dans ma tête, mais ces grandes intentions que j’avais eues en fabriquant la poupée et en imaginant moi et Hiyori voyager à plein d’endroits différents, me donnaient l’impression que nous avions visité le Japon entier pendant à peu près trois semaines.

“……ooooooouuuuuuuiiiiii.”

Me noyer dans ces souvenirs ne durant qu’un instant. Maintenant, il était temps de faire la dernière cousure, et je me reconcentrai.

“Cette fois-ci……ENNNNFIIIINNNN ….!!!”

“HIBIYAAAAAA TONN TELEPHOOONE, VIENS LE CHERCHERRR!!!”

Je sursautai face au cri soudain de ma mère, j’étais si surpris que mes mains tremblaient. ET L’AIGUILLE A POIGNRADE SANS PITIE LE CORPS DE MA “PELUCHE HIYORI QUI PARLE.

“GGGGGGYYYYYYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHH!!!”

Face à ce spectacle, j’ai crié. Mon esprit était alors complètement fou, mes nerfs étaient tendus, et tout ce que je pouvais imaginer dans ma tête, c’était une scène où Hiyori se faisait transpercer par un large poteau.

“J’Ai…. J’AI VRAIMENT…. FAIT…. FAIT UNE ERREUR PAREILLE!!!”

Mes mains frissonnantes couvrirent mon visage.

Dans ma tête, mes cris étaient devenus creux. Qu’avait dit Asahina Hiyori avant de mourir? Pour être franc, je ne pouvais même pas me souvenir de lui avoir parlé, alors j’étais incapable de penser à une certaine phrase qu’elle aurait pu dire. Je ne pouvais que ressentir l’atmosphère qui planait à ce moment-là.

“HIBIYA~~~ J’AI DIT : DESCENDS !!!”

Après avoir entendu le hurlement cruel de maman, je me rétablis enfin; j’ai décidé de laisser mon boulot de côté juste pour un moment, et ai descendu les escaliers.

“Ahh~~ rahhh, C’EST BON, JE SAIS!! J’ARRIVE!!”

Après avoir doucement placé ma “peluche Hiyori qui parle” sur la table, je fis tourner mon siège jusqu’à ce que je sois face à la porte, avant de sauter de sauter de ce dernier.

J’ouvris la porte, decendis en courant les escaliers grinçants, et attrapai le téléphone qui se situait dans le couloir du premier étage. Le récepteur du vieux téléphone à cadran a été violemment jeté sur le conmptoir.

“Mais qui appellerait à une heure pareille bon sang…… ET C’EST QUI, EN PLUS?! Pourquoi maman l’a pas dit clairement……”

J’étais curieux, mais j’ai pris le récepteur en main et ai parlé.

Quelqu’un qui appellerait à une heure comme ça doit être une personne assez têtue, je suppose. Je pense que je devrais pas vraiment être poli avec cette personne.

“Ah~ allô, c’est Hibiya, qui est à l’appareil…….”

“Trop lent.”

J’allais répondre méchamment, mais face à la personne si inattendue qui m’appelait, ma méchanceté devint indécise.

En même temps, la courte phrase qu’avait pronconcé la personne à l’appareil m’aurait donné un impact énormément bouleversant, peu importe l’attitude de la personne.

“Hein? Quuuu…”

“J’ai dit que t’es trop lent. Je suis debout à l’heure où je t’appelle. Donc je suis vraiment fatiguée là.”

Cette attitude, cette voix, aucun doute. J’en mettrais ma main à couper.

La seule et unique Asahina Hiyori, avec cette seule et unique attitude fière qui était la sienne, était à l’autre bout du fil.

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“Tu m’écoutes? Allô~~ y’a quelqu’un….”

“AHHH?? Mademoiselle Asahina?? J-J’ECOUTE!! OUII J’ECOUTE VRAAAAIMENTT ATTENTIVEMENT!!”

Face à ce genre de situation, mon cerveau a arrêté de fontionner.

“P-Pourquoi t’es si excité, beurk…. Ah~ on s’en fiche. Je dois discuter à propos d’un truc avec toi.”

“Di-Discuter???”

“Ouais, discuter. Ou pour être plus précise; faire un marché? Bah, peu importe.”

Qui aurait pu s’attendre à un tel dénouement, sérieux? Ce ‘qui’, c’était le moi du bus. Moi, qui pensais alors “Je veux le faire……”

C’EST EN TRAIN D’ARRIVER WESH.

Mais du coup, pourquoi discuter de quelque chose alors qu’il est presque minuit?

“Si tu veux me retrouver, pas de problème. Ma porte te sera toujours ouverte… Ah, non rien, pas de problème, bref, c’est quoi la discussion?”

“T’as fait tomber ta carte de bus, non? Je l’ai trouvée dans le couloir de l’école aujourd’hui; y’a ton nom marqué dessus.”

C’était une raison très clairement compréhensible pour faire une discussion. J’étais tellement concentré dans ma réflexion de faire la “peluche Hiyori qui parle” que j’avais complètement oublié à propos de ma carte, et là, elle a été trouvée de cette façon totalement innatendue.

Oh mais attendez, non; tout ça était de la faute du chauffeur.

Je voulais tellement oublier ce pauvre conducteur que j’en avais effacé de ma mémoire la carte que j’avais perdue.

Mais à ce moment-là, j’ai trouvé la connexion.

Là, elle m’a vraiment appelé exprès parce qu’elle a trouvé ma carte. Quelle gentille personne. Je le savais, Asahina Hiyori est un ANGE….

……Non, attendez une seconde.

J’ai l’impression d’oublier un truc. Un truc extrêmement……

—-Avant de partir à l’école, je choisirais avec rigueur la “photo Hiyori” que je préfère, la glisser dans ma carte de bus, et ensuite, je partirais à l’école, un sourire sur mon visage. —-

“…Hé-oh, tu m’écoutes?? Ton bégaiement bizarre m’énerve vraiment, là. Oh, et, à l’intérieur de la carte……”

“AH NAN C’EST PAS LA MIENNE”

“Haa?”

Tout ça avait avait fait que ma sueur pouvait, en s’accumulant, faire une flaque et jaillir de moi comme de puissantes vagues.

Mon cerveau continuait à afficher : “jesuismauditjesuismauditjesuismauditjesuismauditjesuismaudit".

Le festival "jesuismaudit" commençait pompeusement, et sur la tour au centre du tout, su trouvait juste là trouvait Amamiya Hibiya, attaché à un poteau tandis que sa nuque était placée sur la guillotine.

Je suis maudit.

TELLEMENT MAUDIT.

Et quelle coïncidence, dans la photo que j’avais aujourd’hui mise dans mon porte-carte, sa jupe était légèrement soulevée par la brise printanière, donc c’était une photo légèrement sale, ET VRAIMENT PAS BONNE.

J’aurais pu encore vivre ma vie avec cette image dans ma carte, mais là, elle est elle-même au courant de ça.

Tout est fini. Absolument fini.

Comment ça, une “peluche Hiyori qui parle”, espèce d’abruti. C’est carrément une auto-défaite, ouais.

Si je ne fais rien…… Que dois-je faire……?

“Comment ça se fait? Mec, y’a ton nom marqué dessus, là. Dis-moi, t’as même pas remarqué que t’as fait tomber ta carte, hein…… Comment t’as pu descendre du bus?”

”P- Peut-être que c’est quelqu’un qui a le même nom que moi~ ECOUTE! Tu peux trouver plein de gens qui s’appellent Amamiya Hibiya pas vraaaiiiii”

“Je crois pas qu’il y ait queqlu’un d’autre qui a un nom aussi bizarre que toi. Bon, bref, retournons à nos moutons. Ce truc à l’intérieur du porte-carte….”

Trop tard. Arrive l’apogée du festival “jesuismaudit”.

Sur la tour, des hommes forts avec leurs visages couvertes et habillés en pagne sortaient un grand couteau, tirant la corde de la guillotine; la corde tendue faisait un léger couinement.

Et là, Amamiya Hibiya avait un viasge heureux, comme s’il connaissait déjà ses péchés.

C’est inutile, maintenant. Je ne peux plus le cacher, peu importe ce que je dis. Faites au moins que ce soit une coupe nette.

“Ahh, AHHHH mais ouiiii!!! Je sais que c’est impossible, mais au moins je peux en rêvasser, non???”

Je voulais lui exprimer mes véritables sentiments, mais j’ignore pourquoi je les avais exprimés aussi maladroitement.

Je sais que je suis coupable, mais je peux quand même me défendre un peu, au moins, j’ai tort?

“Heinn, pourquoi t’es tellement agité?? Beurk, beurk, beurk.”

Etttt comme d’habitude avec elle, mes pensées furent réduites tout simplement en poussière.

La dernière larme de ma vie de fan d’Hiyori coula sur ma joue.

Je fermai les yeux, en pensant aux autres garçons qui étaient des faiblots, comme je l’étais à ce moment-là, flottant dans l’air, nus, et m’accueillant.

Je m’excuse pour vous avoir tous pris pour des idiots, auparavant. Prenez-moi avec vous, je vous prie.

Et si possible, laissez-moi au moins prendre mes peluches et mes photos.

Alors que j’étais en train d’avoir ces lamentables illusions, embellissant mon aspect décédé, Asahina Hiyori dit alors quelque chose de complètement inattendu.

“Quoi impossible, quoi, pourquoi t’es aussi sûr de toi?? Mec, je t’ai même appelé exprès pour t’aider à le réaliser.”

“Hein?”

Sa réponse faisait alors partie de mon top trois des choses les plus flippantes que j’avais vécues cette année, et mince, je ne comprends pas pourquoi.

Mais j’ai bien entendu ces mots “t’aider à réaliser”. QU’EST-CE QU’IL SE PASSE?!

“M’aider à réaliser……. me dis pas que…….”

”Ehh, je le sous-entendais, ok? Je comprends ton enthousiasme, c’est pour ça que je vais t’aider, d’accord?”

Au festival “jesuismaudit” de ma tête, la tour au centre a messivement explosé en poussière.

L’attaché Amamiya Hibiya a, d’un coup, comme s’il avait réveillé un incroyable pouvoir, pris une immense respiration, pris la lame de la guillotine, et l’a tordue sans le moindre effort, la transformant en un morceau de métal inutile.

“Sé-SESEESEESERIEUXXX??!! Hein, HeEeEeiIiIiInNnNnNnNnN C’EST VRAIIII??!! C’EST BON??!! HHHEEEEIIINNN JE PEUX VRAIMENTTTT??!!”

“Tu parles trop fort, ugh, t’es super bruyant et t’es juste super…beurk!! Me fais pas redire ça, okk!!”

“R-reçu cinq sur cinq!!”

“Bien. Ugh, oublie. Je savais que tu répondrais comme ça. Bon, tu le veux vraiment, vraiment, hein? T’y penses tout le temps, hein?”

Pendant ce discours intattendu, mon corps battait intensément. Aujourd’hui est une journée remplie pour mon coeur, on dirait.

“Veux”?! C’est vraiment correct de le formuler comme ça?! Je ne crois pas que les morales de nos jours permettent de telles choses??!!

*“Nonnonnon,” *Réfléchissais-je, “Je ne devrais pas être si indiscret.”

Si je fais ça je vais être pareil qu'un singe. Et ça, c’est pas bon.

“Ah, je le veux vraiment.”

Eeet après réflexion, la conclusion était qu’Amamiya Hibiya a avait décidé de profiter de son statut de singe.

Qui veut être un bon garçon quand il y a une si belle opportunité en face de toi, mon gars?

Aahh!? Déplacé?! OSEF!!

“Ouais, même si tu l’as placé dans ton porte-carte, tu vois. Je vois bien que tu le veux vraiment, c’est évident. Bon et bien, je vais t’aider à l’avoir.”

“C-C’est vrai….?! Sérieux…?!”

A ce moment-là, ma transpiration était magnifiquement couverte de mon saignement du nez.

Ces mecs nus qui allaient m’ouvrir leur porte ont commencé à me lancer un regard furieux, mais bien évidemment, je m’en fichais. Bande de monstres. Disparaissez.

“A une condition: ah, oui, c’est le marché dont j’ai parlé tout à l’heure. J’aimerais que tu m’aides à exaucer mon souhait." dit Hiyori, à la légère.

Normalement, elle devrait être au moins un peu timide en parlant de ce genre de choses. Ah, non, je suis juste un ignorant, l’amour de nos jours est devenu bien plus malin que je ne le pensais.

Mais j’imagine que cette mode n’est que superficielle, hein? Ouais, elle doit être tellement timide là. En tant que garçon, je devrais mener la conversation.

"Bien sûr, aucun problème! Tant que je peux le faire, alors tout va bien! Je m’en occupe, t’inquiète! Bon, alors, en quoi consiste ton souhait?”

“Toi, tu m’as l’air très énergique, pas vrai…… Bon, je sais que c’est un marché mais, en gros, c’est un moyen pour toi de réaliser ton ‘désir ardent’. Dis, t’es libre pendant les vacances d’été?”

“Je suis libre! Ouaip! Tout ce que je fais, c’est aider à la maison, aucun rendez-vous du tout!”

“D-D’accord, je vois. Bon. Alors. Je veux que tu réserves tout ton temps disponible des vacances d’été. On va en ville. Ah, juste toi et moi.”

“Hein?”

Même en m’étant préparé à faire face à des questions assez difficiles, ce qu’Hiyori avait demandé était tout de même extrêmement fort.

“Allons à un rendez-vous galant quelque part dans les environs” serait quand même acceptable, mais elle avait juste dit "On va en ville” dans un village où même “Hé, j’ai trouvé une magnifique vallée, allons là-bas et partons manger des onigiri(1)” était considéré comme une invitation complètement folle, que même un lycéen n’oserait pas proposer.

En plus, elle a dit “juste toi et moi”; wouah, elle est vraiment audacieuse, hein? Sauf que, je ne pouvais en aucun cas accepter une invitation de ce genre aussi facilement…

“P-Pourquoi en ville? Et puis, juste toi et moi….”

“C’est rien, c’est juste que je veux avoir un truc en ville, donc j’ai décidé d’y aller par moi-même. Et puis, je vais avoir besoin d’un "porte-bagages” et c’est pour ça que je t’ai invité. Pourquoi? Tu veux pas y aller avec moi?“

"Bien sûr que je veux y aller!! Mais bon…… Mes parents sont très stricts…. et à propos des frais de déplacement……”

“T’inquiète pas pour ça. Vu que ma famille est riche, je vais pouvoir te dépanner. Et je veux y aller sans que mes parents soient au courant, d’ailleurs…… Ah! Et il faut que ce soit un secret, bien sûr. Ne le dis à personne, d’accord?”

“Même pas mes parents?!”

“Même pas. Et puis, c’est plus facile si tu veux réaliser ton ‘désir ardent’ non? Vu que tes parents sont stricts?”

Elle a raison, si je leur dit que je vais accompagner une fille, ça va être effrayant et impossible. “Cacher la vérité à tes parents, accompagner la fille que tu aimes”, Eh bien, juste ça est bien assez pour accorder mon ‘désir ardent’.

Je vois, le fait que Hiyori est riche est quelque chose d’assez connu ici, mais j’imagine que c’est toutefois très facile de payer les frais de déplacement de seulement deux anfants.

Mais quand même.

Si c’est pour acheter des trucs, pourquoi ne pourrait-elle juste pas demander à ses parents de les acheter pour elle?

Réaliser mon désir ardent…… En tant qu’explication, ça n’avait toujours ni queue ni tête. Et même si le rendez-vous galant était dans le village et pas en ville, j’en serais déjà très satisfait.

Pourquoi est-elle si audacieuse alors qu’elle veut y aller seule avec moi? La seule réponse raisonnable apparût dans ma tête:

“…………Elle est tellement fascinée par moi qu’elle ira aussi loin-”

“Hein? T’as dit quoi là?”

“Ah, ah~ non, je n’ai rien dit! Du tout!”

Alors que j’étais en train de m’immerger dans mes pensées narcissiques, je me suis soudainement réveillé.

Pour faire court, Asahina Hiyori est tellement fascinée par moi qu’elle ne peut pas s’en empêcher.

Elle pense à moi le jour et la nuit, quelle coïncidence! Elle a trouvé ma carte de bus avec sa photo dedans. Donc, elle a utilisé la “discussion” et le “marché” en tant qu’excuses afin de m’aborder.

J’ai l’impression que même si de l’extérieur, elle veut que “je l’aide à réaliser son souhait”, mais dans son coeur, elle veut , là tout de suite, me prendre dans ses bras.

Souhaiter que “seuls toi et moi partions en voyage” était la meilleure des preuves. Dire des choses du style “porte-bagages” était en fait une simple dissimulation de sa timidité.

“Je comprends maintenant, tes sentiments, je les ai acceptés…!”

“Sen-Sentiments, beurk…. Bon, écoute-moi, ok? Il faudra que tu fasses tout ton possible pour trouver le truc que je veux, aussi, d’accord? Si t’es pas utile, alors je te renvoie chez toi direct.”

L’attitude d’Asahina Hiyori était plus froide et morne que jamais, mais lorsque je réfléchissai à sa manière de montrer son affection, je l’ai trouvée encore plus mignonne.

Mais, tout de même, qu’était “ce truc” qu’elle voulait?

Même si ça pourrait aussi n’être qu’une excuse………

“Ah, ouais! Bien sûr……… mais c’est quoi "ce truc” que tu veux, en fait?“

"Hein? C’est un autographe d’une nouvelle idole populaire. Tu ne l’as jamais vue?! ‘La jolie fille de seize ans qui peut capturer votre coeur!’ tu sais. J’aime vraiment beaucoup cette personne~

’'MAIS N’EST-ELLE DONC PAS TROP MIGNONNE?!”

“Ah, non, je regarde pas la télé donc je connais pas…….Hein, ah~ je vois…….”

Tout d’un coup, mes sentiments se sont écroulés.

Quand Hiyori parlait de son idole, son intonation était tout de suite devenue chaud-bouillante, ce qui était, en toute franchise, déjà bien assez pour moi qui pensait, avec excitation “on a un rendez-vous galant loin d’ici”.

En y repensant, bien sûr que son premier objectif n’aurait pas pu qu’être de passer du temps avec moi. Continue à rêver, mon gars. Bon bref, je ne savais pas qui était cette idole, mais si elle pouvait vraiment capturer le coeur d’Hiyori, c’était vraiment un peu flippant.

“M- mais quand même, la signature d’une célébrité n’est pas très facile à obtenir, hein……”

“Héhéhé. Normalement, non. Mais cette fois, y’a une chance.”

“Une chance? Tu veux dire, du style, un ticket pour une session d’autographes ?”

“Oh non, pas du tout. Cette idole n’a jamais fait de sessions d’autographes. Je pense que c’est parce qu’elle est beaucoup trop populaire; partout où elle va, elle sera toujours entourée d’une foule de fans, ce que je n’arrive vraiment pas à comprendre.”

Une nouvelle idole populaire, dont la popularité est si élevée qu’elle ne peut pas organiser une session d’orthographes, mais quel genre de beauté hors-pair est-ce donc?

Non, je ne crois pas qu’elle soit si incroyable que ça.

Aucune fille au monde ne pourrait gagner face à la beauté d’Asahina Hiyori.

Mais tout de même, si il n’y a pas de session d’autographes, ça rend pas la chose encore plus difficile?

J’espère qu’elle va pas dire un truc du genre “Il faut que tu me l’obtiennes coûte que coûte”……………

“Hé, en fait, mon beau-frère est son prof. Une idole en tant qu’élève, t’imagines un peu le truc! Y’a longtemps, il m’a appelé et m’a dit ‘Je vais t’aider à obtenir la signature, alors pourquoi ne pas venir et t’amuser durant l’Obon?’ Du couuuup, j’avais prévu d’y aller pour faire un petit voyage, mais mes parents se sont énervés, et ont dit ‘tu ne t’embêtes même pas à bien étudier, et pourtant tu continues à faire des vilains tours comme ça~’, des trucs du style.”

“Voilà pourquoi tu le caches à tes parents ……”

“Ouaip, et encore, c’est pas tout. Ce sera ma première fois toute seule en ville, donc j’avais pensé que tu pouvais m’aider à porter mes bagages. D’accord?”

Si c’est comme ça, alors même dire des choses ridicules du style “Juste toi et moi, partons en voyage” est totalement compréhensible.

Vu qu’elle a un membre de sa famille proche de l’idole, j’imagine qu’obtenir son autographe est facile; le logement ne sera pas non plus un problème.

La personnalité d’Hiyori est ainsi: une fois qu’elle se fait engueuler par ses parents, elle y va juste toute seule. Du coup, en le prenant sous cet angle, la signification de “juste toi et moi, partons sans que nos parents ne le sachent” semble plus qu’évidente.

Si c’est le cas……

“Et ça, ça veut dire que t’as vraiment besoin que …… Je vienne?”

“Heu, pas du tout, mais si c’était le cas, ce serait peut-être parce qu’on dirait que t’es prêt à m’obéir”

J’ai senti que quelque chose de pointu et tranchant venait de transpercer mon coeur. Face à l’attitude désinvolute d’Asahina Hiyori, le sourire d’Amamiya Hibiya, qui pensait qu’“elle était si fascinée par moi……,” disparût sans laisser de traces.

Dit autrement, en gros, Hiyori ne ressentait rien de spécial pour moi.

Au festival “jesuismaudit” qui se déroulait dans mon esprit, le brave Hibiya continuait à déchirer les vêtements des hommes masquées, en déchirant en morceaux également l’exécution, avant de soudainement se recroqueviller et de s’agenouiller sur le sol.

“Mais…. Je croyais que tu voulais exaucer mon voeu……. ce n’est pas ce que tu voulais!!! Comment peux-tu juste…………”

“Comme je l’ai dit, mais de quoi tu parlais depuis le début? T’accompagner alors que tu vas acheter un téléphone portable n’a rien à voir avec mes intentions.”

UN TELEPHONE PORTABLE?

Pourquoi on parle de téléphones portables d’un seul coup? Je crois pas avoir mentionné quelque chose en rapport avec les téléphones portables pendant qu’on discutait.

Attends.

Laissez-moi juste analyser notre conversation, en entier, petit à petit, encore une fois.

Asahina Hiyori a trouvé mon porte-carte de bus avec sa photo dedans. Après ça, elle m’a dit “Je comprends ton enthousiasme, c’est pour ça que je vais t’aider”.

Et un peu plus tard, elle avait même dit ces mots inoubliables “tu le veux vraiment, vraiment, hein?”

Oui, ça par contre, je ne l’oublierai jamais.

Mais alors, pourquoi parler de téléphones portables……?

Il ne devrait y avoir rien du tout qui soit en rapport avec les téléphones portables…….

“…………………Ah.”

Mon cerveau a pondu une abominable hypothèse et je l’ai dit tout haut.

Et cette hypotèse était comme la pièce manquante du puzzle, et cette pièce était suffisamment claire pour effacer tout le vacarme s’émanant de cette situation.

Inconsciemment, j’ai regardé le mirroir à pied du couloir, et bien sûr qu’il me reflétait, moi, qui était resté le même depuis que j’étais rentré des cours.

J’ai hâtivement mis ma main dans la poche à hauteur de poitrine, dans laquelle je m’étais à mon habitude ma carte de bus, et j’ai réalisé que le truc que je m’étais aussi tous les jours dans la poche, en plus de la carte, avait aussi disparu.

“Tu penses tellement aux téléphones portables que t’as même découpé la pub et tu l’as fourrée dans ton porte-carte, hein? Je te l’ai déjà dit, je vais exprès t’emmener avec moi pour réaliser ton voeu, alors pourquoi tu cherches la petite bête avec moi ?”

Au moment-même où ce quiproquo complètement stupide prit fin d’une façon claire et nette, mon ancienne humeur, en extase, s’est fracassée par terre.

Ce qu’avait vu Asahina Hiyori n’était pas la photo.

En espréant qu’un jour je pourrais lui parler du sujet, j’avais de stocké dans ma poche une publicité d’un centre commercial avec une promotion sur un téléphone.

Pourquoi ne je l’ai pas remarqué plus tôt?

C’est vrai que j’étais devenu incertain quand elle m’a appelé.

Mais tout de même, ce genre d’incompéhension était vraiment trop cruelle.

Au diable le “Elle doit être une FILLE TIMIDE”. Au diable le “Je veux vraiment”. Va crever, pervers odieux.

Juste à l’instant où je me souvins de tout ce qu’il s’était passé, je n’ai pas pu m’empêcher de crier “OuaaaAAAAAAHHHHHHHH!!!”. J’ai eu envie de me frapper la tête sur la poutre, mais à bien y réfléchir, une question importante n’avait toujours pas obtenu de réponse.

“………………Est-ce qu’il y a autre chose dans le porte-carte, à part la pub?”

Ai-je demandé, tremblotant, mais Hiyori poussa un soupir comme si elle était sans-voix, et a répondu froidement.

“C’est un truc important? Y’a rien d’autre à part la pub……. Pourquoi? Quelque chose d’important était supposé y être?”

“Ou-Oui. Euh……”

JE LE SAVAIS. La photo n’était pas du tout entre les mains d’Hiyori.

Pas étonnant. Si elle avait trouvé la photo, elle ne m’aurait pas appelé; elle aurait plutôt appelé la branche de délinquance juvénile du commissariat.

Mais même, en y repesant, c’est raisonnable. A l’école, plus il y a de gens qui se rapprochent de l’âge d’Hiyori, plus il y a de chances qu’ils deviennent fans d’elle.

—-Jette une pierre et tu frapperas un fan d’Hiyori—-

Voilà pourquoi.

Ceci dit, si une de ces hyènes affamées, comme le chauffeur de bus, trouvait mon porte-carte avec cette photo méticuleusement choisie par mes soins, le fan d’Asahina professionnel, avant qu’Hiyori ne vienne, que ferait-elle?

La réponse était évidente.

Elle enlèverait la photo et remettrait le porte-carte à sa place. Un porte-carte qui ne serait utilisable que dans mon petit village serait complètement sans valeur à ses yeux.

En plus, il y avait mon nom d’écrit dessus. Si la hyène volait quelque chose alors qu’il y a une preuve, ça serait pas très bon pour elle.

Si c’est que la photo, encore, c’est pas très important si elle se fait voler. Si je devais faire un rapport d’une chose aussi facilement jetable qu’une photo, en disant “J’ai perdu quelque chose et je l’ai cherché pendant très longtemps”, je finirais probablement au département de la criminalité des mineurs.

En considérant le fait que j’aurais pu être accusé, si mon addiction sexuelle avait été exposée à Hiyori, en fait, d’une certaine manière, ce gars m’avait sauvé la vie. En pensant à ce qu’il se serait passé dans le pire des scénarios a fait rouler mes intestins. J’imagine que j’aurais mangé plusieurs années de nourriture de prison, pas vrai?

“D’accord…. donc c’est bien le cas……”

Je me suis appuyé sur la table où se trouvait le téléphone, tout en gardant le récepteur en main, avant de me laisser ‘couler’ sur le sol, lentement.

“M-Moi je dis que t’es quand même assez bizarre….”

“Ah~ ouais. Je sais que tout est devenu chelou là. Désolé.”

Conclusion: tout n’était qu’un quiproquo et une illusion lamentable de ma part.

Même si j’avais été complètement essouflé par le trou gigantesque qu’il y avait dans mon bonheur, tellement, que je n’arrivais pas à me relever, j’étais, bizarrement, assez rassuré.

Finalement, tout n’était qu’un mirage. Je le savais; Asahina Hiyori est encore une belle et rare fleur que même une personne comme moi ne pourrait jamais toucher. Et parce que j’avais très bien compris ça, je continuais à rêvasser. Observer cette énorme possibilité pour ensuite le regarder s’éteindre une nouvelle fois m’a forcé à voir la vérité en face.

“Bon alors? Tu viens? Ou pas?”

“AH”

Hiyori avait parlé comme si elle voulait se bagarrer, tout en attendant patiemment que je réponde. Mon coeur glacé recommença à battre, avec hâte.

Eh oui. Ce n’est pas comme si c’était la fin.

Ou pour le formuler différemment, là, l’opportunité est juste en face de moi, tout comme un miracle.

Même si tout n’était qu’un malentendu, même si j’avais été impulsif face à Hiyori, elle ne me semblait plus aussi distante qu’avant.

Elle est au téléphone avec MOI. Elle m’invite MOI à voyager avec elle. Je me fiche du but de l’invitation. Y’at-il vraiment quelque chose qui pourrait me rendre plus heureux que ça?

Je me suis levé, utilisant ma main libre pour supporter mon corps.

“Evidemment que je viens. Passons de super vacances d’été ensemble.”

En effet. Tout commencera à partir de là. Il doit y avoir quelque chose qui a déjà commencé.

Même si c’est une simple coïncidence, ou même de la chance, c’est bon. Quoi qu’il arrive, tant que je n’abandonne pas, je pourrai lui transmettre mes sentiments pour elle.

“Mhmm. Bon et bien, je vais te laisser, mais prépare-toi, ok? On commencera à s’organiser demain. Compris?”

“Pigé! Je compte sur toi.”

“Ouais. Je compte sur toi aussi. Allez, à plus.”

Clic, la voix d’Hiyori a été coupée.

Afin de relaxer mon corps tendu, je poussai un énorme soupir de soulagement.

Sans le vouloir, en regardant l’entrée, je ressentis le besoin étrange de respirer l’air frais de dehors. J’ai marché le long du couloir, ait mis mes chaussures et suis sorti de la maison, l’air frais, empli de l’odeur de l’herbe estivale souffla alors.

Je marchais le long de la route étroite, face à la maison, tout en regardant le ciel nocturne bleu foncé. La grande et pleine lune scintillait, les lampadaires du petit village —— éclairaient.

L’été arrivait. L’aventure dont nous seuls étions au courant pointait le bout de son nez.

Encore content et excité, j’ai, en silence, envoyé mes attentes à la pleine et lointaine lune, souhaitant que l’été prochain devienne un souvenir inoubliable.

*Notes : (1) “Sunset Glow” ou en japonais “Yuyake Koyake” est une chanson traditionnelle japonaise parue en 1923 : https://www.youtube.com/watch?v=-Wq7we2L5NU

(2) Un tube cathodique est une vieille télévision analogue.

(3) Le Festival Obon est un festival japonais et bouddhiste, rendant hommage à l’esprit des ancêtres, se déroulant la plupart du temps la semaine du mi-août.

(4) L’ikebana est l’art japonais de l’arrangement floral.*